La Figuration Libre
Tout le monde est d’accord pour dire que le terme de Figuration Libre ne signifie pas grand chose et qu’il ne convient pas. Mais chacun l’utilise, tout comme on utilise le terme de fauve et de cubiste. Par facilité. Mais aussi parce qu’au fil des ans, les étiquettes se chargent de sens. Fauve, dans le milieu de l’art, n’évoque pas une bête féroce, mais un artiste qui emploie des couleurs violentes. Aujourd’hui, Figuration Libre, suggère une peinture-graffiti, mélange de bande dessinée, de caricature, une sorte de cocktail d’écriture simplifiée et d’art populaire, de personnages drôles et de langage direct. Cette peinture se démarque de la figuration allemande des années 80, très marquée par l’expressionnisme berlinois. Cette peinture est différente de la transavant-garde italienne très influencée par l’art conceptuel.
Chia, Cucchi, Clemente ont commencé par le conceptuel pour aboutir au post-modernisme. Les américains Keith Haring et Basquiat se rattachent à Fernand Léger et Pop Art pour le premier, à Rauschenberg et à Dubuffet pour le second. La particularité des jeunes artistes français des années 1980-1990 est de partir de l’imagerie, de la bande dessinée, de l’art modeste, selon les di Rosa, de la trivialité selon Combas, des contes de fée pour Blanchard, du vécu quotidien pour Boisrond, afin d’aboutir à un art chargé d’énergie. Depuis dix ans que je suis l’évolution de la Figuration Libre, je constate que les artistes ont considérablement renforcé leur position et clarifié leur art. De plus en plus, je suis persuadé de leur importance. Ce qui, au départ était provocation devient langage influençant divers secteurs de la vie quotidienne.
Pierrot Bayard qui les rejoint le temps d’une exposition, est leur cousin. II fait un art spontané fondé sur le corps de la femme. C’est un conteur qui dévide son coeur et ses fantasmes. II apporte une note de fraîcheur qui n’a rien de couleur locale.
Otto HAHN